Jusqu'au bout, cet hôtel nous aura bien emmerder puisqu'à cinq heures du matin, on a été réveillé par le bruit ô combien délicat du passage des camions. Il faisait déjà bien jour (forcément plus on va vers l'est...), c'est un peu déroutant. Bon au moins le soleil est de la partie. On n'a évidemment pas traîné et à 07h30 on était pas mécontent de mettre les voiles.
Le reste de la matinée s'est bien déroulée, sur une route de campagne qui commençait doucement mais surement à faire le yo-yo. On a atteint les 400 mètres d'altitude du côté de Leyr, où nous avons trouvé une boulangerie qui nous a offert le café ! Dieulouard était définitivement oublié.
Le soleil tapait de plus en plus, heureusement que le paysage est redevenu plat. Jusqu'à Vic-sur-Seille (patrie de Georges de la Tour), on peut dire que le voyage fut champêtre et agréable. On a davantage souffert de la chaleur pour arriver à Dieuz, mais sur place nous attendait un repas gargantuesque ! Pour 12 euros, un resto piqué au hasard proposait entrée et dessert à volonté. Et nous voilà partis pour bâfrer tout ce qui bougeait ! Asperges, tomates, concombres à la crème, poivrons confits, taboulé, œufs durs et rillettes pour l'entrée. Escalope francomtoise avec sa chapelure, frites et salades pour le plat principal. Et en dessert : îles flottantes (2 rations chacun), compote de pommes, salade de fruits (histoire de...) et...mousse au chocolat ! Pour faire passer tout ça, une bouteille de rosé et le pastis en apéro...On a eu beaucoup de mal à repartir, littéralement scotchés à nos sièges que nous étions...
Ce fut le début d'une après-midi horrible. Sous un cagnard terrible, on est reparti, laissant derrière nous la ville qui, nous l'apprenions, est un bastion militaire (d'où la présence massive de convois de l'armée et d'officiers partout...). A peine avions nous roulé deux kilomètres que nous sommes tombés sur une portion de route récemment refaite. Tellement récemment qu'avec la chaleur, le goudron était quasiment fondu. Les roues s'enfonçaient à moitié dans le revêtement, projetant sur nos mollets, cuisses, mains et sur le reste du vélo des boulettes de gravillons agglomérées avec du goudron ! Le tout sur une route où ne régnait pas l'once d'ombre. L'horreur absolue ! La poisse nous a poursuivi puisque Nico a trouvé rien de plus malin à faire que de crever ! Bon ben c'est pas grave, on mettra un peu de cambouis au dessus de notre goudron...
Enfin un miracle se produisit après cette galère lorsqu'on a enfin vu le panneau indiquant l'Etang de Wittessheim ! On a appuyé sur la pédale d'accélérateur tellement on rêvait d'un bain frais pour se rafraîchir et retirer ces maudites boulettes de goudron.On voyait se modifier les physionomies des villages traversés :
les bâtiments plus colorés, plus modernes, les temples etc. Sans parler de l'accent à couper au couteau. Quel soulagement ce fut au moment où l'on a aperçu l'étang ! On a pleinement profité du coin, pendant plus de deux heures et demi, entre baignade et bronzette...
On est reparti en faisant plus ou moins le tour du lac, où se dressaient de sacrés baraques aux architectures originales, et campings plus populaires... Ensuite, nous avons pris une route forestière qui nous a paru interminable, d'autant plus qu'elle ne se prêtait pas vraiment à nos vélos. Il a fallu mettre pied à terre. Dans la foulée, on s'est paumé et ma Bubbacap s'est cassée ! J'ai commencé à m'impatienter alors pour me calmer, je me suis écouté un peu de Springsteen (Human Touch). Bref, on a mis quand même une heure et demi pour arriver à Sarrebourg, heureusement la fin de parcours était toute en descente sur une route bien lisse ! Il était 20h15 quand nous avons sonné au gîte, heureux mais claqués !
L'endroit, assez kitchou mais impeccablement tenu, donnait sur la Sarre et on disposait de l'étage entier. Pour le dîner, on a pris possession de la table et de la terrasse extérieure. Nico s'est retiré après s'être étiré à sa manière et je suis resté papoter avec le proprio (ses exploits militaires pendant la Guerre d'Algérie principalement...).
Je rends hommage à la propriétaire qui a eu la gentillesse de recoudre Bubba quand elle s'est aperçut du drame personnelle que c'était pour moi !